Mon gamin

Mon gamin

Mon gamin se cache dans le doute

A peur d’être rattrapé avant le soir

Il a couru comme un fou sur la route

S’évadant des camps de cauchemar

Mon gamin avance sans arrêt

Arrive aux portes du désert

Se dit combien ça coûterait

Si jamais je me perds

Mon gamin n’a plus sommeil

Il halète dans les rayons de sable

Souffre sous les grains de soleil

Se demande ce dont il est capable

Mon gamin rencontre une colonne humaine

Seul le bruit du vent dans les dunes trouble le silence

Ils l’ont obligé à tuer des gens, il reviendra il à la haine

C’est ce qui le fait avancer et s’armer de patience

Mon gamin ne veut pas être en lambeaux

Ordre du passeur qui lui dit « Accélère le pas ! ».

Sa mort rôde, son épuisement se voit d’en haut

Mais il avance même si ses pieds saignent ici-bas

Mon gamin embarque sur le bateau

C’est comme un chant funèbre en un seul râle

Il fait noir ils ont fermé la porte en haut

Il n’y a plus que gémissements à fond de cale

Mon gamin sent la soute se remplir d’eau

Il lève la tête cherche l’air à plein poumon

Il prie son Dieu le supplie lui dit « C’est trop tôt

Avant ton paradis je dois finir ma mission »

Quand les douaniers ont ouvert le placard

Ils ont découvert noyés ou étouffés des migrants

Des linges blancs recouvrent 49 brancards

Qui passent sous les yeux d’un gamin seul survivant

Un jour il a frappé par hasard à ma porte

J’ai ouvert à un enfant en larmes et affamé

Je me suis débattue pour qu’il s’en sorte

Mais on lui a refusé son statut de réfugié

Mon gamin j’ai fait ce que j’ai pu pour toi

Mais l’Europe t’a banni t’as renvoyé au pays

Tu ne sais pas lire écrire et compter toutes les fois

Où tu as recommencé ton voyage de survie

Tu es revenu inlassablement

Tes périples ont duré deux ans

Chaque fois je te reprenais par la main

Et chaque fois tu partais en larmes en me disant à demain

Mon gamin mon fils adoptif tu me souris

Main dans la main nous avons bravé administratifs et politiques

Je te regarde être merveilleusement en vie

Et ne m’en veux pas si j’ai le bonheur pudique

Je t’aime mon enfant, mon fils mon amour

Nous deux main dans la main c’est pour toujours

© 2015 Stéphan Mary
All rights reserved

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