Hommage aux soignant’es qui arpentent la nuit nos souffrances et nos départs. Merci infiniment à elles et eux
La femme subtile au sablier
Je passe mes nuits à tes côtés
A te regarder travailler
Toi la fille au regard d’acier
La femme subtile au sablier
Tu arpentes les couloirs
Quand la nuit est bien noire
Tu cherches des yeux quelqu’un
Qui te dirait son besoin
De ne surtout pas juger
Et quand tu l’as trouvé
Tu lui fais comprendre
Qu’il faut redescendre
Qu’en bas un lit l’attend
Que tu as tout ton temps
Le ciel peut bien s’écrouler
La terre s’arrêter de tourner
Le temps prendre son temps
Personne ne m’aura avant
Avant que je ne t’ai dit
Combien je suis ton amie
Je suis la faucheuse qui voit
La mort qui guette aux abois
Sur la vieillesse qui sommeille
Mais tu es là et tu veilles
Quand la lumière va s’éteindre
Dans le regard d’une vie à peindre
Ma faux aiguisée ne fermera pas
Les paupières d’une vie à trépas
Je passe mes nuits à tes côtés
A te regarder travailler
Toi la fille au regard d’acier
La femme subtile au sablier
À tes dépends je m’amuse
Tu serais presque ma muse
Toi l’aide-soignante de nuit
Des vieux os dont tu es l’amie
Tu ne tarifies pas tes heures
Tu travailles vaillante sans peur
Et moi qui ne fais que passer
Sincère je dois bien avouer
Devant autant d’abnégation
Pour toi j’ai de l’admiration
Et je ne peux pas m’empêcher
Un simple instant d’imaginer
Qu’avec un peu d’inspiration
Je pourrais t’aimer à profusion
Le ciel peut bien s’écrouler
La terre s’arrêter de tourner
Tu sais que lorsque je frappe à leur porte
C’est fini je suis la mort qui les emporte
Mais ils meurent dans la chaleur de tes bras
T’adressant un dernier sourire ici-bas
Et tu m’agaces je veux voir leur peur
Or tu es là diffusant une lueur
Tu es le contre-pouvoir
Qui repousse la nuit noire
Notre combat nous porte haut
J’ai malgré tout le dernier mot
Toi l’aide-soignante de nuit
Tu es ma pire ennemie
Avec brio tu scrutes
Contre la mort tu luttes
En arpentant les couloirs
A l’aune d’un dernier soir
Je passe mes nuits à tes côtés
A te regarder travailler
Toi la fille au regard d’acier
La femme subtile au sablier
Le ciel peut bien s’écrouler
La terre s’arrêter de tourner
Tu leur évites l’épouvante
Caressant leur main mourante
Un jour nous aurons rendez-vous
Je ne sais pas quand ni où
Mais je te fais la promesse
De te cueillir avec tendresse
Toi la fille au regard d’acier
Oui toi la femme subtile au sablier
Texte déposé de Stéphan Mary slamé par Le zèbre
Une réflexion sur “La femme subtile au sablier”